Depuis que le bouillonnant président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam, l’a évoqué lors de son meeting du 22 juin à Divo, l’indice de développement humain (IDH) est devenu le dada de l’opposition. Depuis lors, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le parti au pouvoir, est dans le viseur de l’opposition qui n’hésite pas à tirer sur lui a boulets rouges chaque fois que l’opportunité lui est offerte. En dépit des progrès réalisés par le Président Alassane Ouattara, depuis 2012.
Serait-ce de la pure mauvaise foi ou une composante du jeu politique qui consiste à tout faire pour dénigrer l’adversaire ? Rien n’est moins sûr. Dans tous les cas, avec une croissance moyenne d’environ 7%, depuis 2012, on relève que l’IDH de la Côte d’Ivoire ne cesse de chuter, respectivement, entre 2021-2022 et 2022-2023, passant ainsi de la 159e à la 166e place, sur 193 pays.
Dans son acception la plus courante, l’indice de développement humain ou IDH est appréhendé comme « un indice statistique composite visant à évaluer le taux de développement humain des pays du monde ».
Forgé au début des années 90 par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’IDH est la combinaison d’éléments à la fois quantitatifs et qualitatifs ou « capabilités » considérés comme étant essentiels à l’épanouissement et au bien-être général de l’individu dans la société, le niveau de revenu ne devant plus être considéré comme la norme par excellence en matière de développement.
Il est calculé, chaque année, pour rendre compte des progrès réalisés ou des régressions constatées. Il vise trois (3) facteurs: l’espérance de vie à la naissance (alimentation, logement, eau potable et accès à la santé). Le niveau éducatif mesuré à partir de 15 ans et plus. Le revenu national brut par habitant, comme reflet du niveau de vie des individus (accès à la culture, à Internet, aux biens et services et aux transports). Il est compris entre 0 et 1, partant du plus faible au plus élevé. Voici pour les faits.
Cela dit, si l’intérêt principal de l’IDH est de remettre en question « les classements établis par une simple comparaison des PIB, …en intégrant d’autres dimensions du développement humain comme la santé et l’éducation », il recèle plusieurs faiblesses dont celle inhérente à la définition du concept de développement lui-même, conçu comme un retard entre pays dits développés et pays sous-developpés, où les premiers jugent leur niveau par rapport à celui des derniers, et vice-versa.
on se plaint du très faible IDH, voire insignifiant dans les pays du Sud, mais ce qu’on ignore, c’est que tout part de la production de richesse dans ces pays
Pour autant, la grande question qui se pose est la suivante: comment peut-on seulement comparer deux pays dont les niveaux sont à des années lumières l’un de l’autre ? Hélas, telle est la triste réalité de l’IDH. Hé oui, c’est de cette manière que l’IDH est calculé, avec pour référence les pays développés, les pays où on mange à sa faim, en termes de quantité et de qualité, au point même qu’on se permet de parler de surconsommation, les pays où le niveau général des revenus permet aux habitants de se soigner à moindre frais, des pays où le système éducatif pensé depuis des siècles est aujourd’huifermement etabli, car ayant largement eu le temps d’apprendre de ses erreurs.
On se plaint du très faible IDH, voire insignifiant dans les pays du Sud, mais ce qu’on ignore, c’est que tout part de la production de richesse dans ces pays. Plus un pays est économiquement et financièrement fort, plus les facteurs dits humains sont susceptibles de s’améliorer. Ce n’est pas un déterminisme absolu, mais les perspectives sont meilleures dans un pareil cas.
En fin de compte, on conçoit qu’au vu des chiffres sur l’IDH de la Côte d’Ivoire, l’opposition veuille s’y appuyer pour dénigrer le régime en place. Malheureusement, ce qu’elle doit savoir, c’est que le concept d’IDH, exactement comme celle de développement, est très mouvant, subjectif et tendancieux. Et indice pour indice, on devrait le rendre un peu plus complet en y ajoutant certaines valeurs légendaires en Afrique, comme la solidarité spontanée, l’hospitalité, toutes autres valeurs qui contribuent autant au bien-être social.
Oussou Kouamé Rémi
Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké
Département d’anthropologie et sociologie
Expert Analyste socio-politique et économique
Président du Club des Amis du Noble Ado (CADO)