Les oracles l’avaient prédit : la Côte d’Ivoire va étonner le monde et sous nos yeux, la prophétie s’accomplit pour le bonheur de tous les ivoiriens.
Il y a quelques temps, en 2019, un cargo chargé de riz avarié, a accosté au port d’Abidjan. Ce cargo, refoulé de tous les ports du Golfe de Guinée a par miracle reçu l’autorisation d’accoster chez nous. Son contenu, après avoir été expertisé, avait été déclaré impropre à la consommation… »
Cependant à ce stade, de violentes questions ont traversé l’esprit des ivoiriens :
- Pourquoi avoir laissé le cargo accoster, là où tous les autres ports l’avaient refoulé ?
- Quel était le projet en le laissant accoster ?
- Pourquoi se donner des dépenses inutiles pour détruire ce riz, alors qu’il était plus simple de le refouler à l’instar des autres pays ?
- Si l’opinion n’était pas en alerte, que serait devenu ce riz ?
On en était encore là à épiloguer sur les questions susmentionnées, quand survint un autre rebondissement ! Ecoutons à ce propos le ministre ivoirien de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement de l’époque, Sidi Tiemoko Touré :
« …Contre toute attente, le 09 mai 2019, suite à une assignation de l’Etat de Côte d’Ivoire, par la société exportatrice, le Tribunal du Commerce d’Abidjan ordonne la suspension de l’opération de destruction et désigne un nouveau cabinet d’experts afin de déterminer à nouveau si la cargaison de riz est effectivement impropre à la consommation humaine… ».
Il reste entendu que l’Etat n’en est pas resté pas là. Il a fait appel de cette décision. Et donc en plus de l’argent du contribuable utilisé pour la destruction du riz, le contribuable a encore été mis à contribution pour cette affaire en justice, alors qu’il n’a pas été consulté pour faire accoster ce cargo de malheur. Mais la Côte d’Ivoire est un pays de tous les possibles. Personne ne donnera les raisons qui ont présidé à l’acceptation du navire dans notre port. Personne ne nous doit quoi que ce soit ! Et le grand public ne connait pas l’épilogue de cette histoire
Pays de tous les possibles, la Côte d’Ivoire est encore sous les feux des projecteurs ces derniers jours, avec l’affaire des 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium transportées par le navire ZIMRIDA qui devait accoster au Port Autonome d’Abidjan. Sous l’effet de la clameur publique, instruite de l’explosion de ce produit au port de Beyrouth le 4 août 2020 avec plus de 200 morts et 6500 blessés, le navire ZIMRIDA fut bloqué en rade, au large des côtes ivoiriennes depuis le 30 décembre 2024.
Refoulée de plusieurs ports, la cargaison a pu arriver au port d’Abidjan, une partie sera déchargée, après des précautions prises par les autorités ivoiriennes et une visite du bateau en présence de la presse.
Ecoutons à ce propos le Directeur général du Port Autonome d’Abidjan: «… Le bateau ne présente pas d’avarie : il ne figure pas sur une liste noire…Nous sommes habitués à manipuler ce type de produit… l’année dernière, c’est près de 46 000 tonnes de nitrate d’ammonium qui ont transité par ce port…». Qu’à cela ne tienne!
Le traumatisme du Probo Koala
Mais le traumatisme causé par l’affaire du Probo Koala est encore de fraiche mémoire et plus que jamais, la vigilance doit être de mise dans un pays de tous les possibles ! Quand on a été mordu par un serpent, la vue d’un ver de fait toujours sursauter.
Autre lieu autre affaire, un procès est actuellement pendant au tribunal correctionnel du pôle économique et financier d’Abidjan. Un procès qui met en lumière les énormes défis auxquels doit faire face la Côte d’Ivoire dans sa lutte contre le trafic de drogue. La particularité de ce procès de trafic de drogue, c’est que dans le box des accusés, se trouvent certains de ceux qui sont chargés de combattre ce trafic. En effet, onze (11) gendarmes ivoiriens sont poursuivis pour le détournement de 200 kg de cocaïne prélevés sur une saisie de 1,56 tonnes effectuée en 2021 au port d’Abidjan.
On tombe des nus devant une telle situation. Mais faut-il pour autant s’en étonner ? L’argent rapide et facile a pris possession de l’esprit de nombre d’ivoiriens qui rêvent de vivre une vie de luxe comme il est souvent donner de voir. Dans ce cas tout devient possible, même ce qui ne l’était pas hier. Et dans ce pays de tous les possibles, ce sont ceux chargés de veiller sur nous, afin de nous éviter les dégâts que peut causer la consommation de la drogue, qui s’adonnent à ce trafic !
Mais comme le procès, on ne sait pas pourquoi se déroule à huis clos, il sera difficile pour nous de cerner les tenants et les aboutissants…Dommage ! Ainsi va le pays de tous les possibles. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.
NAZAIRE KADIA
