Yamoussoukro : Pourquoi les populations de Morokinkro refusent l’exploitation minière de leurs terres
Le projet d’exploitation minière dans le village de Morokinkro, dans le District Autonome de Yamoussoukro, pose problème. Les fils et filles du village, réunis autour de leur Chef, ont tenu une grande rencontre le samedi 4 janvier pour trancher sur la question.
Morokinkro est un village important du département d’Attiégouakro, situé dans le District Autonome de Yamoussoukro. Entourée de massifs montagneux, cette petite bourgade est pourvue d’un joyau touristique dans la région des Lacs qui est la Réserve de Faune d’Abokouamékro avec un sous-sol également très riche en minerais. Une entreprise minière dénommée Société Coopérative Minière des Planteurs de Côte d’Ivoire (SOCOMIP-CI), envisage de faire de l’exploitation minière dans le village.
A l’effet de l’exécution de ce projet dans ce village paisible, le Sous-préfet d’Attiégouakro a rencontré récemment les responsables de la Mutuelle de Développement de Morokinkro (MUDEMO) avec à sa tête le Président, Elie Kakou, en vue de les informer. Même, des rencontres avec les responsables de la société minière ont eu lieu à Attiégouakro et à Yamoussoukro.
Selon les propos du Président de la mutuelle, il avait indiqué aux dirigeants de la SOCOMIP-CI qu’il ne pouvait pas de façon unilatérale prendre une décision. ‘’Je leur ai dit que c’est après une grande rencontre avec tous les fils et filles du village que je pourrai me prononcer’’, avait-il dit. Finalement, une rencontre a eu lieu durant la journée du samedi 4 janvier avec les fils et filles de Morokinkro sur initiative du Chef du village, Victor Kakou Koffi dit Zimo, pour débattre de la question.
Cette rencontre importante a mobilisé les différents responsables des quatre quartiers de Morokinkro et les membres de la MUDEMO venus d’Abidjan et des autres villes de l’intérieur du pays. Elle a été vraiment houleuse et finalement une décision a été arrêtée à l’unanimité, d’après les déclarations du Président de la mutuelle, Elie Kakou, médecin de profession. ‘’A la fin des échanges, il est ressorti que toute la population, de façon unanime, n’est pas pour ce projet d’exploitation semi-industrielle d’or à Morokinkro’’, déclare-t-il.
Toutefois, aux dires du Président de la mutuelle, ce refus catégorique se justifie par plusieurs paramètres qui sont pris en compte. ‘’Il y a une grande partie même de nos parcelles qui ont été utilisées par la faune, la réserve d’Abokouamékro et dont les parents n’ont plus accès pour les cultures. L’autre petite parcelle qui reste veut faire l’objet d’exploitation minière. Il va sans dire que ça va jouer sur la population. Sans compter les risques de banditisme, de viol de fille, ou bien de vol. Et puis des produits nocifs qui vont avoir des conséquences néfastes sur l’environnement dans notre village’’, justifie-t-il.
Bien qu’une décision consensuelle ait été trouvée par l’ensemble des populations de Morokinkro, une enquête de commodo et incommodo sera lancée à compter du lundi 6 janvier au 5 février prochain pour connaître véritablement l’avis de chaque habitant. ‘’C’était initialement prévu du 19 décembre 2024 au 20 janvier 2025. Mais suite à certaines négociations, Madame le sous-préfet qui a été un peu souple, a ajourné l’échéance’’, ajoute le président de la mutuelle.