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Rappel à l’ordre de la HACA et émissions de débats politiques et d’actualités: NCI 360 a réussi là où la RTI peine encore à convaincre, mais

Culture et société

Rappel à l’ordre de la HACA et émissions de débats politiques et d’actualités: NCI 360 a réussi là où la RTI peine encore à convaincre…mais on ne débat pas en écrasant son contradicteur

La Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) vient de rappeler à l’ordre les émissions de débats politiques et d’actualités, et il est impossible d’ignorer que ce message semble s’adresser en premier lieu à NCI 360, une émission pourtant appréciée pour sa liberté de ton et son dynamisme. 

Ce communiqué tombe à un moment où la direction de NCI semble elle-même consciente des critiques qui s’accumulent autour du programme : choix répétitifs des invités, équilibre parfois contesté des débats, et des prises de parole qui flirtent parfois avec l’injure et la condescendance.

Si cette émission a su capter l’attention du public ivoirien et s’imposer comme un rendez-vous incontournable du débat politique, il est tout aussi vrai qu’elle doit évoluer. Beaucoup de téléspectateurs expriment leur lassitude face à une certaine monotonie dans la sélection des intervenants et à des plateaux qui ne reflètent pas toujours la diversité d’opinions qui existe en Côte d’Ivoire. 

Bravo à la HACA

La critique est donc légitime et devrait être perçue comme une opportunité pour NCI de rectifier le tir. Au-delà du cadre général, ce communiqué est aussi un avertissement direct à certains panélistes, qui, à force de se sentir en terrain conquis, finissent par oublier les règles élémentaires du débat démocratique. 

On ne débat pas en écrasant son contradicteur, encore moins en s’autoproclamant détenteur unique de la vérité. Un plateau télé n’est pas une tribune personnelle, et ce rappel à l’ordre de la HACA vient poser un cadre plus strict pour éviter les dérapages futurs.

Soyons honnêtes : ce communiqué a surpris. La HACA nous avait habitués à une certaine passivité, donnant parfois l’impression d’être une institution fantôme, peu audible, peu visible. Aujourd’hui, elle se manifeste, et c’est une bonne chose. Ce n’est ni trop tôt, ni trop tard. Il fallait que cela arrive à un moment où le débat public ivoirien tend à se radicaliser, où certains médias, au nom de l’audience, prennent des libertés qui frôlent parfois l’irresponsabilité.

NCI 360 a réussi là où la RTI peine encore à convaincre

Cependant, fallait-il aller plus loin ? Certains observateurs estiment que la HACA aurait dû sanctionner directement NCI. Mais soyons mesurés : c’est la première fois que cette émission est officiellement interpellée. Il est donc normal que cette première sortie prenne la forme d’un avertissement. 

Toute sanction immédiate aurait pu être perçue comme une attaque frontale contre une émission qui, malgré ses failles, a redéfini le débat télévisé en Côte d’Ivoire. Et c’est là tout le paradoxe : NCI 360 a réussi là où la RTI peine encore à convaincre. Cette émission privée, sans financement public, a su imposer une nouvelle dynamique et captiver les téléspectateurs. 

Elle a osé aborder des sujets que la télévision publique évite, elle a donné la parole à des figures parfois controversées, et elle a réveillé l’intérêt des citoyens pour les débats politiques. En cela, elle a même surpassé la RTI, qui, malgré les moyens de l’État, peine à offrir un contenu aussi percutant.

L’audience ne saurait être une excuse pour alimenter la surenchère verbale et les polémiques stériles

Il est temps pour les médias audiovisuels d’assumer pleinement leur rôle et d’être à la hauteur des enjeux. À quelques mois de l’élection présidentielle, les tensions montent, et la responsabilité des chaînes de télévision est plus grande que jamais. Un mot de trop, une phrase malheureuse, et le feu peut prendre. 

La Côte d’Ivoire a déjà payé un lourd tribut aux crises pré et postélectorales. Nous n’avons pas le droit de reproduire les erreurs du passé. Il est donc impératif que les débats restent civilisés, que les intervenants mesurent leurs propos et que les médias eux-mêmes veillent à garantir un climat apaisé.

Les chaînes de télévision doivent comprendre que l’audience ne saurait être une excuse pour alimenter la surenchère verbale et les polémiques stériles. Un débat peut être vif sans tomber dans l’excès, contradictoire sans être destructeur. Il en va de la stabilité du pays, et surtout de l’avenir de la démocratie ivoirienne.

Ahouman Gaël Lakpa

Analyste, Consultant Sociopolitique et Écrivain Ivoirien

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