A quelques 13 mois de l’échéance présidentielle de 2025, ce ne sont ni les déclarations, parfois tonitruantes des formations politiques, ni leur intention de former un front uni contre la majorité présidentielle, encore moins les surenchères de certains acteurs politiques de l’opposition qui manquent.
En dépit de l’écrasante majorité du parti présidentiel, Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), qui entend conserver le pouvoir, l’opposition politique, notamment les deux forces politiques majeures, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), n’a paru autant confiante quant à l’issue favorable de cette échéance. On serait même tenté de se demander pourquoi.
Au milieu de ce « brouhaha » dans lequel baigne le paysage politique actuel, pourtant, une vérité semble immuable. C’est que, contrairement aux apparences, les élections ne se réduisent finalement qu’à de « simples votes pour où contre les forces et les performances… » du parti au pouvoir. Le véritable choix des votants est déterminé par les résultats obtenus durant les années au pouvoir.
De ce fait, ils ne dépendraient ni des sondages, ni de la stratégie des candidats, ni des débats politiques, et encore moins de l’ampleur des campagnes. Seul compte l’impact des années de gouvernance. C’est justement ce que dit, en substance, la méthodes des « 13 clés » du professeur d’histoire à l’American University de Washington, Allan Lichtman.
Alors, si on s’appuie sur ce principe prédictif, le Président Alassane Ouattara, candidat du RHDP, est largement favori à sa propre succession. Que dit cette méthode, d’ailleurs?
Il y a très peu de chance qu’il y ait un « tremblement de terre politique », en 2025
En collaboration avec un sismologue russe, l’historien a mis au point un principe de prédictions des élections présidentielles américaines, en se fondant sur des données historiques depuis les années 1800. Et depuis 1984, ses prédictions se sont révélées exactes, excepté 2000 et 2016, l’exception confirmant justement la règle. Ce modèle prédictif est fondé sur « une série d’affirmations sur l’administration au pouvoir ».
Si seulement six (6) de ces affirmations ou clés sont vraies, alors c’est le président en exercice qui reste au pouvoir. Or, la gouvernance du Président Alassane Ouattara, coche au moins dix (10) cases ou clés. En partant des dernières élections couplées des sénatoriales et municipales, où le RHDP a fait un véritable razzia, et les exceptionnelles performances économiques et infrastructurelles, en passant par les diverses politiques sociales et environnementales, l’absence de scandale politique, la réduction des conflits sociaux et le leadership (charisme) d’Alassane Ouattara, c’est à autant de conditions que le président sortant satisfait largement.
Ceci étant, une question se pose: comment une méthode inventée pour s’appliquer dans un système bipartisan peut-elle marcher dans un contexte multipartisan? Certes, les contextes américain et Ivoirien sont différents, mais la perception et la satisfaction des hommes, restent toujours les mêmes partout. On a tendance à mieux apprécier les initiatives durables au détriment des actes ponctuels.
Reste que pour ne pas fausser une clé, le Président Alassane Ouattara ne doit pas se retirer au profit d’un autre candidat du RHDP, au risque de perdre l’avantage, jugé crucial, du président en exercice. Ainsi, à l’exemple de Kamala Harris dont la méthode du professeur Lichtman prédit la prochaine victoire face à Donald Trump, il y a très peu de chance qu’il y ait un « tremblement de terre politique », en 2025, c’est-à-dire que le Président Alassane Ouattara perde le pouvoir, en 2025.
Oussou Kouamé Rémi
Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké
Expert Analyste socio-politique et économique
Délégué de Zone1
Département politique : Bouaflé-Pakouabo