La Côte d’Ivoire s’achemine lentement mais sûrement vers 2025, année de l’élection présidentielle, fiévreusement attendue par tous. Les états-majors fourbissent leurs armes, affûtent leurs stratégies à mettre en place pour avoir une position dominante, conquérir le cœur des ivoiriens, et s’assurer la victoire au soir d’un jour du mois d’octobre 2025.
Mais la succession des événements passés, les crises postélectorales à répétition, la restriction des libertés, la mal gouvernance du Rhdp, montrent de toute évidence que notre pays va à vau l’eau et avec lui, tous les acquis démocratiques obtenus au prix de mille et un sacrifices. Allons-nous regarder s’effondrer ce pour quoi nombre de nos concitoyens ont sacrifié leur jeunesse et même leur vie ?
Il apparait opportun que tous ceux qui, pour une raison ou pour une autre se retrouvent dans une opposition au régime en place puissent, dans une synergie d’actions, œuvrer pour démocratiquement faire partir le régime du RHDP unifié. Et les raisons ne manquent pas.
Adoubé par la « Communauté Internationale », précédé par une réputation surfaite, auréolé du titre de gestionnaire hors pair, le régime du RHDP a plus que déçu ceux qui avaient placé en lui une totale confiance, et a montré ses limites à l’épreuve du terrain. Dans un rapport prétendument confidentiel, il y a quelques temps, qu’on a expressément fait fuir, l’Union Européenne avait mis en évidence les limites, la mal gouvernance et l’incapacité du gouvernement actuel à trouver des réponses aux préoccupations quotidiennes des Ivoiriens, au-delà de la communication tous azimuts faite à destination de l’extérieur.
Pendant ce temps, notre liberté d’expression, chaque jour que Dieu fait, se rétrécit comme une peau de chagrin. Pour être dans les bonnes grâces du pouvoir, il faut se soumettre, il faut se fermer les yeux, se fermer la bouche, ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire comme le singe de la peinture. Il faut se taire ou il faut faire l’éloge du régime en place. Une critique osée ? On perd son emploi. Un article partagé sur les réseaux sociaux ? La police de la cybercriminalité vous déniche et vous vous retrouvez devant un juge puis au Ppa (ex-Maca).
L’urgence de créer un grand « front de refus »
C’est pourquoi, il urge de créer un grand « front de refus » et se poser comme une alternative crédible, incontournable, ayant la majorité sociologique et électorale, à même d’apporter un changement démocratique à la tête du pays. C’est ainsi que de nombreux ivoiriens avaient salué à sa juste valeur, la rencontre entre feu Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo à Bruxelles. Rencontre de laquelle est né l’accord entre le Pdci-Rda et ce qui est désormais le Ppa-Ci.
Il s’agit de réactiver cet accord avec des actions concrètes sur le terrain et y associer tous ceux, de « droite » ou de « gauche », qui ont une convergence de vue quant à la nécessité d’opérer un changement de gouvernance dans notre pays. L’heure ne doit pas être à ressasser les rancunes du passé, encore moins à accuser les uns d’avoir fait ci et les autres d’avoir fait ça. L’heure doit être au rassemblement pour la patrie.
Il faut absolument pour ce faire, pouvoir transcender les différences idéologiques et les divergences politiques, pour ne regarder qu’à la patrie. Que valent ces idéologies et ces divergences politiques, dès lors que la mère-patrie est en danger? Les dirigeants de l’opposition ivoirienne doivent sérieusement y réfléchir, sans arrière-pensée, sans calcul politicien et sans volonté de tirer la couverture.
Les ivoiriens sont conscients qu’ils sont engagés dans la même galère et à ce niveau, il n’y a ni ange, ni démon. Car la pintade aura beau se vanter de la beauté de son plumage par rapport à la poule, le jour de la fête, les deux seront conviées à un même sort : finir au fond de la casserole. Cela est à méditer pour les actions à venir. Ainsi va le pays. Mais point à l’horizon, le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.
NAZAIRE KADIA
Analyste politique