À six mois de l’élection présidentielle prévue pour le 25 octobre 2025 , la scène politique ivoirienne s’anime autour de sujets sensibles, dont la radiation de Tidjane Thiam de la liste électorale.
Dans un entretien accordé à la presse, Cissé Ibrahima Bacongo, secrétaire exécutif du RHDP, a dressé un état des lieux de l’engagement de son parti sur le terrain, tout en apportant des précisions juridiques et politiques sur les questions au cœur de l’actualité politique ivoirienne.
Pour le cadre du RHDP, la dynamique actuelle de son parti sur le terrain s’explique par un objectif clair : « gagner au premier tour » la présidentielle. Il évoque une réorganisation du parti en réponse aux tensions de l’élection de 2020 et aux agissements de l’opposition qu’il qualifie d’« insurrectionnels ».
Pendant que les adversaires du RHDP, selon lui, s’adonnent à la polémique sur des sujets « non fondés », le parti au pouvoir entend continuer à «travailler pour une victoire démocratique ». Interrogé sur la radiation de Tidjane Thiam, Bacongo insiste : « Ce n’est pas une affaire du RHDP, c’est une question de justice et de droit».
Selon lui, la loi ivoirienne est claire, notamment l’article 48 du Code de la nationalité, qui prévoit la perte automatique de la nationalité ivoirienne en cas d’acquisition volontaire d’une autre nationalité.
« Le RHDP veut la paix, mais le RHDP n’a pas peur de la rue »
Pour l’actuel gouverneur du District d’Abidjan, la justice a estimé que le certificat de nationalité présenté par Thiam, ne pouvait être recevable, car ce dernier avait été naturalisé français à l’âge adulte; ce qui, en droit ivoirien, entraîne la perte automatique de la nationalité ivoirienne d’origine, sauf renonciation explicite à la nationalité étrangère.
Cissé Bacongo dénonce l’attitude du PDCI-RDA, qu’il accuse de « manipuler l’opinion » en agitant le spectre de l’exclusion. Il balaie toute comparaison entre le cas Thiam et celui du président Ouattara dans les années 1990, rappelant que « personne n’a remis en cause la nationalité de Thiam » et que ce dernier est responsable de ses propres « turpitudes ».
Face aux propos de militants qui accusent certains dirigeants du RHDP d’être des étrangers, Bacongo fustige une « haine de l’autre » entretenue selon lui, par l’opposition, tout en appelant à la vigilance. « Le RHDP veut la paix, mais le RHDP n’a pas peur de la rue », prévient-il, en réponse aux menaces voilées de manifestations brandies par certains leaders de l’opposition.
Quid de la diaspora ivoirienne
À l’adresse des militants, tant du RHDP que du PDCI-RDA, Cissé Bacongo lance un appel à la maturité et à la responsabilité. Il rappelle que l’histoire commune des partis houphouëtistes devrait inciter à la réconciliation plutôt qu’à la confrontation. Il n’exclut d’ailleurs pas une éventuelle convergence entre les deux formations dans l’avenir, à condition que la paix soit préservée.
Enfin, à l’endroit des Ivoiriens de la diaspora, souvent évoqués dans la polémique autour de Tidjane Thiam, Cissé Bacongo a tenu à rassurer, rappelant les nombreuses initiatives du président Alassane Ouattara pour renforcer le lien avec les Ivoiriens de l’étranger, droit de vote, représentation au Sénat, forums dédiés.
Selon lui, les accusations de marginalisation de la diaspora, ne sont que de « l’intoxication » orchestrée par une opposition en quête de soutien.
Charles Béni