Récemment, j’ai regardé avec beaucoup de recul, le film de la rencontre entre le Président français Emmanuel Macron, et des étudiants burkinabé à l’occasion de la visite que le président français a eu à effectuer au Pays des Hommes Intègres, il y a quelques années.
Au-delà des difficultés qu’éprouvaient les étudiants burkinabé à formuler correctement leurs questions, j’ai été frappé par deux choses. La première, c’est la désinvolture avec laquelle le Président français s’est adressé à son homologue burkinabé Marc Christian Kaboré. Non seulement il le tournait en dérision devant les étudiants qui naïvement, applaudissaient à tout rompre, mais en plus, il le tutoyait et plus tard, il lui est arrivé de lui tapoter la joue, comme s’ils avaient joué aux billes ensemble !
Cette attitude irrévérencieuse, paternaliste et condescendante m’a réellement estomaqué et révolté. J’imagine mal le président français agir de cette façon avec le chancelier allemand ou le président chinois! Mais je fus encore plus écœuré de ne pas voir le président burkinabé quitter définitivement la salle pour laisser ce prétentieux avec les étudiants ! Mais bon, pour le faire, il faut avoir les c…et très peu parmi ceux qui nous dirigent en ont.
Et le plus marrant, c’est qu’il se trouve des soi-disant spécialistes des questions africaines qui prétendent que c’est le début d’une ère nouvelle, celle de la fin de la «françeafrique » et du début des relations décomplexées. FOUTAISE !
Et les Ivoiriens, dans leur humour caustique, ont bien raison de dire que : « c’est quand tu fais ta figure comme du riz blanc, qu’on y verse de la sauce graine ». Mon écœurement est tout aussi grand de voir nos présidents en visite officielle en France, être accueillis à l’aéroport par d’obscurs conseillers à l’Elysée et au meilleur des cas, par l’Ambassadeur de France dans le pays du Président qui est en visite en France dans l’anonymat le plus complet !
Mais quand le Président français débarque en Afrique, c’est le branle-bas de combat. Les écoles, les commerces, les administrations ferment pour 2 voire 3 jours. On déplace toutes les danses du pays à l’aéroport, on oblige les écoliers, les élèves et d’autres personnes à former une haie, sous le soleil de plomb, de l’aéroport jusqu’au palais présidentiel.
On ferme des rues à la circulation. Peu importe les désagréments que cela cause, peu importe l’argent que l’inactivité fait perdre au pays. L’essentiel, c’est de montrer au «Maître» qu’on l’aime et qu’on lui réserve un accueil à la dimension de sa grandeur et de sa toute puissance ! C’est qu’il avait été donné de voir au Burkina Faso.
A quoi sert tout ce folklore ?
La deuxième chose qui m’a marqué, c’est l’arrogance avec laquelle, le Président Français a répondu à une question relative au FCFA. Il a dit en substance que le pays qui veut quitter la zone CFA est libre de partir. Mais diantre ! Si un pays doit partir du CFA, c’est bien la France! Que fait-elle autour d’une monnaie qu’elle-même n’utilise pas ? Pourquoi s’agrippe-t-elle à une monnaie qui, selon ses journalistes et autres spécialistes, est un fardeau pour elle ?
Obligée qu’elle est de soutenir et d’en garantir la convertibilité ? Est-ce du masochisme ? Ou est-ce le mythe du « fardeau de l’homme blanc» qui continue? Mais nous savons, après avoir écouté Nicolas Agbohou, Kako Nabukpo et d’autres éminents économistes africains, que le Franc CFA est soutenu et garanti par nos réserves de devises déposées dans les comptes d’opérations logés au Trésor français. Et qui nous dit que les nombreux prêts qui nous sont faits, ne proviennent pas de notre propre argent ?
Si donc la France reste inflexible sur une réforme du FCFA, c’est qu’il n’y a pas de fardeau qu’elle porte ; tout au contraire elle casse du sucre sur notre dos ! Alors, moins d’arrogance et moins de suffisance ! Sinon à quoi ca sert de s’agripper à une monnaie qu’on n’utilise pas ? Ainsi va l’Afrique. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai
NAZAIRE KADIA
Analyste politique