Déguerpissement à Tiassalé: Les victimes dénoncent « une procédure d’expropriation illégale et abusive » du maire Assalé Tiémoko; un reporter violenté par la police
Une dizaine de personnes, propriétaires ou locataires de magasins à la gare routière de Tiassalé, ont vu leurs magasins détruits, lundi dernier, par des machines dirigées par les services techniques de la mairie de Tiassalé et encadrées par des agents des forces de l’ordre arrivées depuis une semaine dans la ville d’abord pour des activités culturelles organisées par la Fondation Assalé Tiémoko, et ensuite pour conduire l’opération de déguerpissement de la gare routière.
Dans la matinée du lundi 09 septembre 2024, au moment où les élèves reprenaient le chemin de l’école après quelques mois de paisibles vacances, des machines vrombissaient à la gare routière de Tiassalé pour procéder à la destruction des ‘’vieilles bâtisses’’ dont la présence sur ces lieux, ne cadre plus avec l’image que les autorités municipales veulent donner à la ville.
Dans une mise en demeure en date du 03 septembre 2024, la mairie informait les responsables des commerces à la gare routière, de sa volonté d’y effectuer des travaux dans le cadre d’un projet d’embellissement des servitudes de la voie nationale menant à Divo.
« Ces travaux vont consister à la construction d’un centre commercial en remplacement des vieilles bâtisses dont la présence sur les lieux, serait un contraste paysager », fait savoir la mise en demeure consultée par Lemeridien. Le lundi 9 septembre donc, la mairie est passée à l’action pour procéder au déguerpissement des occupants. Un photo-reporter qui prenait les images pour Lemeridien.ci, a été violenté par la police municipale et des éléments du GMI qui tentaient de lui arracher son appareil photo.
« Je me suis fait blesser par la police municipale et des éléments du GMI jusqu’au point de me blesser à la main, et ma montre est perdue car ils ont lutté pour m’arracher l’appareil photo », a témoigné notre reporter, encore sous le choc.
Quant aux occupants de la gare routière, locataires pour les uns et propriétaires de magasins pour d’autres, ils se disent, dans un récent exploit de protestation et une lettre adressée en novembre 2022 au Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, des documents consultés par Lemeridien, victimes d’une procédure d’expropriation illégales et abusive perpétrée par la commune de Tiassalé et mise en œuvre par le maire Assalé Tiémoko.
Quid du nouveau site d’accueil?
« L’expropriation, pour cause d’utilité publique, est régie par le décret du 25 novembre 1930 modifié et complété par les décrets du 24 août 1933 et du 08 février 1949 et l’article 11 de la constitution ivoirienne du 08 novembre 2016 dont les dispositions se trouvent gravement violées en l’espèce par la commune de Tiassalé », lit-on dans l’exploit.
Ces commerçants qui disent être installés depuis courant année 1965, estiment que toutes les dispositions de la législation ivoirienne en la matière, n’ont pas été respectées par la mairie de Tiassalé qui leur demande de libérer les lieux alors que le nouveau site d’accueil censé les abriter, n’est jusqu’à ce jour, pas disponible.
« Après une première expérience de récupération de ce genre, observée au marché dont les magasins prévus demeurent toujours inachevés depuis près de 5 ans, les requérants ont intérêt de demander à la Mairie de mettre à leur disposition, les locaux du nouveau site d’accueil prévu pour leur recasement, comme mentionné dans la mise en demeure, et aussi de respecter les dispositions réglementaires prévues par la législation ivoirienne », renchérit l’exploit de protestation.
De son côté, la Mairie confie que ses services techniques se tiennent à la disposition des commerçants pour d’éventuelles informations liées au projet de recasement. Cependant, aucune réunion de concertation n’a eu lieu entre les deux parties jusqu’à ce que nous mettions sous presse.