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Côte d'Ivoire : Voici les deux visions politiques qui opposent Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara

Eco et politique

Côte d’Ivoire : Voici les deux visions politiques qui opposent Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara

Par les deux (2) fois où Alassane Ouattara a servi en Côte d’Ivoire, tant comme Premier Ministre de 1990 à 1993 qu’en tant que Président de la République, depuis le 11 avril 2011, il a toujours été critiqué pour sa politique d’austérité et de rigueur budgétaire.

Pour ce qui est de la période actuelle, presqu’une année après son accession à la magistrature suprême, lorsqu’il commença à dérouler son programme, on entendait des phrases comme « On ne mange pas ponts », « Quand l’argent va enfin prendre des vacances ? » ou « Quand Gbagbo était là, c’était mieux », etc. 

Comparé à son prédécesseur, Laurent Gbagbo, en effet, hilare, celui-là même qu’il emprisonna, en 1992, avant d’être son allié en 1995 pour le boycott actif du scrutin présidentiel de 1995 où tous deux avaient été exclus, et contre qui il se présenta au second tour de l’élection présidentielle de 2010, Alassane Ouattara fait figure d’une personnalité austère, sévère, froide, distante et, parfois, de père fouettard. 

Si Laurent Gbagbo n’hésitait pas à faire un détour à la place « Sorbonne », l’agora des jeunes au Plateau, pour les haranguer de sorte à provoquer, quelquefois, l’irritation même de ses gardes du corps ou à surgir, à l’improviste, dans les locaux de la préparation du congrès de l’Union postale universelle (UPU), à l’Hôtel Ivoire, au point de faire dire à certains qu’il a « démystifié la fonction de président de la République », Alassane Ouattara lui est aux antipodes de tout cela.

Laurent Gbagbo avait versé dans le populisme

Économiste de renommée internationale, ayant fait ses armes dans deux institutions financières de renom, le Fonds Monétaire international (FMI) et la Banque des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Alassane Ouattara se présente comme un homme strict, rigoureux, efficace, ne rechignant pas au travail, s’efforçant toujours d’atteindre les objectifs qu’il se fixe et focalisé sur les résultats, entre autres traits de caractère.

Alors, naturellement, une question se pose : «serait-il victime de cette attitude et comportement rigoureux dont il fait montre» ? Tout porte à croire que oui. On sait que les contextes où il est intervenu en Côte d’Ivoire n’ont pas vraiment contribué à faciliter la tâche à l’homme. 

Mais, les contextes seuls peuvent justifier ce sentiment d’antipathie des Ivoiriens à l’égard du nouveau président au point de trouver que son prédécesseur était mieux que lui?

A la vérité, contrairement à Laurent Gbagbo qui avait versé dans le populisme, au point que «beaucoup d’Ivoiriens sont convaincus que leur président demeure toujours très proche d’eux », Alassane Ouattara, équipé d’une vision à long terme, assigné la lourde responsabilité d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire de la Côte d’Ivoire, après celui écrit de sang et de feu, depuis le 24 décembre 1999.

Deux visions politiques opposent Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara

Or, les Ivoiriens ayant « baigné dans la mollesse », que ce soit sous Houphouët-Boigny ou Gbagbo, sont incapables, de d’adapter, du moins tout de suite, à ces nouvelles situations qui exigent, parfois, de prendre des mesures drastiques ou même draconiennes, pour la survie de l’Etat. 

C’est ce qui est arrivé au cours des deux périodes clés où il a été aux commandes.Et c’est justement ce décalage entre le réveil brusque des Ivoiriens et la situation idyllique qui prévalait avant son arrivée qui justifie ce sentiment d’hostilité à son égard. 

Ainsi, deux visions politiques opposent Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, l’une populiste, purement démagogique, superficielle, comme une « instrumentalisation tactico-stratégique de pulsion ou de croyances collectives en vue de prendre le pouvoir », ou se maintenir au pouvoir dans un contexte de tensions socio-politiques extrêmes, tandis que l’autre, antipopuliste, plutôt tournée vers l’efficience, l’efficacité, les résultats, en dépit de l’absence d’effusions ; politique qui s’est avérée payante sur le long terme.

OUSSOU Kouamé Rémi

Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké

Expert en développement professionnel

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