Suivez sur
#
Côte d'Ivoire : Que reste-t-il du concept de l’Ivoirien Nouveau prôné par le président Ouattara ? 

Eco et politique

Côte d’Ivoire : Que reste-t-il du concept de l’Ivoirien Nouveau prôné par le président Ouattara ? 

Conscient que la décennie de crise politico-militaire qui a jalonné l’histoire de la Côte d’Ivoire fut à l’origine de comportements antisociaux se traduisant par des « actes illégaux, malhonnêtes, irresponsables… », comme le contexte de guerre sait bien le créer, le Président Alassane Ouattara a tôt fait de mettre en place, quelque temps après son accession à la magistrature suprême, une série de dispositifs, dont une « Charte d’éthique » qui devrait servir à « moraliser la vie publique et à rompre avec une pratique pernicieuse érigée en mode de gestion ».

Doté d’une vision à long terme, le nouveau Chef de l’Etat n’a pas hésité à « dénoncer la course effrénée à l’enrichissement illicite, le trafic d’influence, les abus de biens sociaux, le clientélisme, les détournements en tous genres’, facteurs de gangrène de la vie sociale et économique qu’il faut éliminer pour bâtir une société ivoirienne plus juste, plus égale et plus humaine », tant entendu que «faire adopter un comportement civique et augmenter le nombre de citoyens éthiquement responsable est un préalable au développement durable ».

Pour atteindre cet objectif noble, il ne fut nullement question de procéder par la coercition. Il fallait, au contraire, passer par des formules fortes qui fouettent du moins l’orgueil des Ivoiriens, sinon qui font appel à leur sens élevé de l’éthique. C’est à ce propos que le concept d’Ivoirien Nouveau a été forgé. 

L’Ivoirien Nouveau est, par définition, « cet ivoirien qui, en conformité avec l’éthique sociale, est respectueux des lois de la République ». En outre, ce nouvel Ivoirien devrait être enclin à rechercher constamment l’excellence dans tout ce qu’il fait, rompant ainsi avec trois (3) décennies de mauvaises pratiques, à la fois financière et professionnelle. 

Par ailleurs, il s’agit de susciter ou de créer «un nouvel état d’esprit, un nouveau conditionnement psychique permettant à chaque Ivoirien un dépassement de soi dans cette recherche permanente de l’excellence ».

Inculquer aux Ivoiriens, les valeurs du travail, de la solidarité et du sens de la responsabilité

En définitive, le concept vise à inculquer les valeurs du travail, de la solidarité et du sens de la responsabilité, entre autres, aux Ivoiriens après avoir vécu dans un environnement où «exploiter les autres en vue d’un profit matériel ou d’une gratification personnelle, sans éprouver aucun remords » était devenu monnaie courante.

Une demi-douzaine d’années plus tard, qu’est-ce qu’en reste-t-il du concept ? Pour certains, c’était « une belle expression, sinon un slogan, qui brille autant par sa beauté littérale que par sa vacuité ». 

Pour d’autres, en revanche, c’était un défi que le Président Alassane Ouattara s’était lancé à lui-même ainsi qu’à ses compatriotes dans ce contexte difficile où il a pris les rênes du pouvoir exécutif, et pour tous, une belle incitation à l’action. 

Car la quintessence de sa philosophie était de faire des Ivoiriens des individus mentalement forts, des individus résilients, des individus prêts à se supporter mutuellement, des individus qui ne rechignent pas à l’effort et des individus optimistes en l’avenir de leur pays. 

Initier l’enfant aux vertus de l’intérêt supérieur de la nation depuis l’école maternelle

En somme, des Ivoiriens nouveaux. Traduite au niveau professionnel, la formule incite les travailleurs à faire montre d’un ensemble de valeurs : intégrité, sens élevé de la responsabilité, éthique professionnelle, le sens du travail bien fait, etc. 

Pour les jeunes, il s’agit d’opérer un changement de mentalité à propos du travail qui ne se trouve pas que dans les bureaux de la Fonction publique; le vrai travail, c’est celui qui crée de la valeur ajoutée, comme l’auto-emploi, les activités génératrices de revenus (AGR) et l’entrepreneuriat, notamment ; et cela est d’autant plus vrai que les faibles capacités actuelles de l’Etat et du secteur privé ne leur permettent pas d’absorber même les ¾ des demandeurs d’emploi. 

Au niveau socio-politique, l’Ivoirien Nouveau doit montrer du respect et de la considération pour ses compatriotes, leur témoigner de la bienveillance, de l’empathie et de l’affection. Pour le reste, il est clair que l’atteinte de cet idéal va prendre du temps. 

Néanmoins, on peut espérer s’en approcher en commençant à développer ou à cultiver ce sentiment chez l’enfant depuis la tendre enfance. En clair, c’est depuis l’école maternelle qu’on devra initier l’enfant aux vertus de l’intérêt supérieur de la nation, afin qu’il en fasse une seconde nature lorsqu’il sera grand.

Dr OUSSOU Kouamé Rémi

Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké

Expert en développement professionnel

test

Plus dans Eco et politique

#