Un homme, a dit le président Laurent Gbagbo, laisse des traces quand il marche. Et les traces, Laurent Gbagbo en a laissées à profusion. Il a prononcé au cours de la grande crise qui lui a été imposée, des paroles fortes que nombre de personnes ont tournées en dérision, et qui se sont révélées être des « prophéties ». En effet, au plus fort de la crise due à la rébellion et des années durant, le président Laurent Gbagbo n’a eu de cesse d’appeler ses concitoyens, au respect des institutions de la République et de ceux qui l’incarnent. Ces paroles fortes et pleines de sens, sont tombées dans des oreilles de sourds, tant certains ivoiriens étaient obnubilés par le souci de voir quelqu’un d’autre au pouvoir, à tous les coups et quels que soient les moyens utilisés pour y parvenir.
Dans un zèle sans aucune commune mesure, Soro Guillaume et ses amis de la rébellion s’adonnaient à cœur joie, dans leurs projections de faire partir le président Laurent Gbagbo du pouvoir. Pour eux, l’homme eut cette parole :
« …Vous me combattez pour quelqu’un que vous ne connaissez pas…vous êtes sur le mauvais chemin…les plus chanceux d’entre vous seront jetés en prison, et les plus malchanceux seront tués ou en exil… ». Spécifiquement pour Soro Guillaume, l’homme a affirmé que ce dernier doit aux armes, ce qu’il était devenu. Le jour où il ne les aura plus, il devra craindre pour sa vie.
En 2010, après le résultat du premier tour de l’élection présidentielle, et dans l’attente du deuxième tour, Laurent Gbagbo a, au cours d’un meeting, lancé un appel solennel au Pdci-Rda, dont le candidat n’était plus en course, de rejoindre le FPI, à l’effet de former un bloc fort pour sauvegarder les acquis du pays, fruit du labeur de tous les ivoiriens. Cet appel ressemblait fort, à une autre parole forte prononcée des années plus tôt. L’homme avait dit que viendra un temps où, les ivoiriens pour qui, la terre, la nation ont un sens, se retrouveront face à ceux des leurs qui travaillent pour l’extérieur. Des années plus tard, ces paroles apparaissent comme des prophéties qui se sont réalisées. Examinons-les.
Après avoir filé le parfait amour avec le pouvoir en place, connu la richesse et la gloire, Soro Guillaume a été contraint à la démission de son poste de président de l’Assemblée nationale, libérant ainsi le tabouret qui lui donnait l’impression de compter aussi. Ayant perdu l’influence qu’il avait sur une partie de l’armée, il fut également contraint à l’exil. Mais avant de se retrouver en exil, il s’était adonné à des confessions qui avaient des relents de regret.
Soro Guillaume, réduit à sa plus simple expression, erre comme une âme à peine en Europe et en Afrique
Soro en exil, nombre de ses partisans se sont retrouvés en prison comme Soul To Soul ou Alain Lobognon, d’autres comme Soro Kognon sont passés de vie à trépas. Aujourd’hui, Soro Guillaume, réduit à sa plus simple expression, erre comme une âme à peine en Europe et en Afrique. Ainsi s’accomplit la « prophétie » de Gbagbo.
Ayant pris faits et causes pour le candidat Ouattara, au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2010, le Pdci-Rda avait ignoré l’appel à lui lancé par le président Laurent Gbagbo. Mais l’amour entre le Pdci-Rda et le parti au pouvoir aura vécu, lorsque le plus vieux parti de notre pays avait réclamé pour lui, l’accession au pouvoir, après avoir encore permis à M. Ouattara de faire un deuxième mandat en 2015.
Il lui fut répondu de façon arrogante, que l’alternance politique n’est pas un programme de gouvernement et qu’aucune promesse ne lui a été faite.
La politique de la terre brûlée du RHDP
Ayant fini ses deux mandats constitutionnels, M. Ouattara, en violation de la Loi Fondamentale, a opéré un passage en force pour en faire un troisième. Cet acte a eu le mérite de rapprocher tous ceux des ivoiriens, pour qui, au-delà des divergences, la nation ivoirienne doit demeurer et les textes qu’ils se sont librement donné, doivent être respectés par tous, y compris par celui qui tient momentanément les rênes du pouvoir. Deux camps se sont ainsi formés conformément aux prédictions de Laurent Gbagbo, nonobstant les aller-retours et le chancellement de certains opposants.
Aujourd’hui, à quelques mois de l’élection présidentielle, tous les partis politiques d’opposition qui comptent sur l’échiquier politique ivoirien, ont vu leurs candidats radiés de la liste électorale devenant ainsi non-électeurs et non éligibles. Cette politique de la terre brûlée du Rhdp, laisse poindre à l’horizon une grande coalition de tous ceux pour qui la terre et la nation ont un sens, et soucieux de préserver tous les acquis du pays…
Mais doit-on objectivement parler de prophétie ? Assurément non ! Toutes ces paroles prononcées procèdent d’une analyse prospective d’un homme politique, totalement immergé dans son peuple qu’il connait, et qui le connait, et dont la formation d’historien permet d’appréhender le passé, de lire le présent et de faire des projections pour le futur. Ainsi va le pays. Il y a certes eu un soir en Eburnie, il y aura assurément un matin et l’ivraie sera séparée du vrai.
NAZAIRE KADIA