Afrique : La Société Civile L’Africanisme (SCLA) en guerre contre la désinformation en période électorale
En prélude à la célébration de ses 2 ans d’existence, la Société Civile L’Africanisme (SCLA) a organisé un panel en ligne sur le thème : « Désinformation : Fake news et risques en période électorale, stratégies d’influence et propagande étrangère ».
Modéré par Koné Boubacar, cet échange a réuni plusieurs experts dont Christian Gambotti, François Somda et Alafé Wakili, président de la SCLA. Ensemble, ils ont analysé les dangers croissants de la désinformation sur le continent, particulièrement lors des élections, et proposé des pistes de solutions face à ce fléau.
Selon Christian Gambotti, Président du CERAD (Centre d’étude et de recherche sur l’Afrique de demain), directeur général de l’Université Atlantique d’Abidjan, la guerre moderne ne se limite plus aux affrontements militaires. Elle repose désormais sur une combinaison de désinformation, cyberattaques et influence politique, visant à déstabiliser les États.
En période électorale, ces manœuvres prennent de l’ampleur à travers des campagnes de manipulation de l’opinion, via la diffusion de fausses informations sur les candidats et les scrutins ; une stratégie de déstabilisation des institutions, alimentant la méfiance envers les autorités ; l’exacerbation des tensions communautaires et idéologiques, renforçant la division au sein des sociétés.
Christian Gambotti met en garde contre les acteurs étrangers qui exploitent les vulnérabilités des pays africains pour imposer leurs intérêts géopolitiques. « Aujourd’hui, l’information est devenue une arme », insiste-t-il, appelant à une riposte concertée entre les médias, la société civile et les institutions.
Des études récentes montrent que la Côte d’Ivoire n’est pas épargnée par la montée de la désinformation. Selon l’Africa Center for Strategic Studies (ACSS), le volume des Fake news a quadruplé en Afrique en deux ans. Ces campagnes sont souvent orchestrées depuis l’étranger et diffusées de manière coordonnée pour influencer l’opinion publique.
L’ingérence étrangère dans la désinformation africaine
Plusieurs puissances étrangères exploitent la désinformation pour influencer les processus politiques africains. En Afrique de l’Ouest, la propagande russe a contribué à alimenter un sentiment anti-français, menant au départ des troupes françaises du Mali, Niger et Burkina Faso.
En Côte d’Ivoire, des opérations de désinformation ont également été signalées, comme en mai 2024, lorsqu’un faux document attribué à l’ambassade d’Ukraine prétendait que des jeunes Ivoiriens étaient recrutés pour combattre contre la Russie.
Ces stratégies sont souvent renforcées par des influenceurs locaux rémunérés, qui amplifient les narratifs de ces campagnes de manipulation. Avec l’essor des réseaux sociaux, certains influenceurs deviennent des relais majeurs de la désinformation. En Côte d’Ivoire, plusieurs figures ont été identifiées pour leur rôle dans la diffusion de fausses informations.
Quelles solutions pour contrer la désinformation ?
Face à la menace grandissante des fake news, plusieurs initiatives ont été mises en place pour protéger l’information. En Côte d’Ivoire : La Campagne « En ligne, tous responsables » (2024) : Sensibilisation du public aux dangers de la désinformation et formation des journalistes au fact-checking ; Renforcement des lois sur les influenceurs numériques pour encadrer la diffusion d’informations sur les plateformes sociales ; Partenariat avec la France en février 2025 pour lutter contre la manipulation de l’information en ligne. Il y a également des plateformes de fact-checking africaines, dont Africa Check et Fact’Africa.
La désinformation représente un danger majeur pour la stabilité politique en Afrique. Lors de ce panel, les intervenants ont unanimement souligné l’urgence d’une prise de conscience collective et d’une action coordonnée pour protéger les processus démocratiques.
Notons que deux autres panels en Zoom sont prévus pour approfondir et débattre de deux autres sujets le 16 et 20 Mars 2025. Enfin, pour marquer la célébration de l’an 2, un cocktail-débat se tiendra le 22 mars 2025 au 2 Plateau à Abidjan-Cocody.