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Affaire "la Côte d’Ivoire a importé 1,6 millions de tonnes de riz en 2024": Une grande honte pour le ministre de l’Agriculture

CAFÉ CHAUD

Affaire « la Côte d’Ivoire a importé 1,6 millions de tonnes de riz en 2024 »: Une grande honte pour le ministre de l’Agriculture

Au sortir de la colonisation et au début des indépendances africaines, l’ingénieur agronome français, René Dumont, sortit un livre, « l’Afrique noire est mal partie », qui fit scandale, et a suscité tollé et indignation des élites africaines de l’époque, encore sous les effluves des indépendances nouvellement recouvrées. René Dumont y décrit les handicaps, les retombées de la colonisation et les problèmes de corruption qui pointaient déjà du nez. Il invitait déjà les dirigeants africains à donner une réorientation à l’agriculture héritée de la colonisation, en mettant l’accent sur les cultures vivrières qui permettraient d’éradiquer la faim.

Ce n’est un secret pour personne, que les cultures de rente introduites par les colons, étaient uniquement destinées à approvisionner les industries européennes en matières premières. L’Afrique s’est donc mise à produire ce qu’elle ne consomme pas, et à consommer ce qu’elle ne produit pas. Plus de 60 ans après ce cri de René Dumont, qu’est ce qui a véritablement changé ? Pas grand-chose en réalité. Il y a certes eu une diversification des cultures de rente, mais l’esprit reste le même : produire pour alimenter les industries en Europe et ailleurs.

Ainsi la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Cameroun…sont devenus de gros producteurs de cacao, le Mali un gros producteur de coton, le Sénégal produit de l’arachide, le Nigéria un gros producteur de l’huile de palme. Ces performances obtenues résultent d’une politique volontariste qui a consisté à encadrer et à soutenir les producteurs en ayant des objectifs de production. Mais paradoxalement, cette politique d’appui et de soutien a manqué et continue de manquer aux producteurs de vivriers. 

Comment l’Afrique et particulièrement la Côte d’Ivoire, peut se trouver à importer des vivres, essentiellement du riz, qu’elle peut produire en grande quantité ?

Ceux-ci continuent de nager dans l’informel. Ce qui ne leur permet pas d’avoir une production, à même de les faire vivre décemment du fruit de leur travail, et d’approvisionner le marché national. L’agriculture vivrière est donc laissée aux seules mains des producteurs, sans soutiens et sans encadrement de l’Etat. Qui plus est, les États sont obligés d’utiliser les fonds engrangés par la vente du cacao, du café, du coton, pour importer du riz !

Ainsi pour l’année 2024, la Côte d’Ivoire a importé 1,6 millions de tonnes de riz à hauteur de 610 milliards de FCFA. Cette information révélée lors de la signature d’une convention entre MANSA BANK et l’Abidjan Legacy Program (ALP), une initiative du gouvernement pour réduire les importations de vivriers, laisse interrogateur et songeur. Cela est vraiment désespérant, incompréhensible, et pour cause.  Avec des terres arables à profusion, un sol riche, et un climat favorables, comment l’Afrique et particulièrement la Côte d’Ivoire, peut se trouver à importer des vivres, essentiellement du riz, qu’elle peut produire en grande quantité ? 

L’autosuffisance en riz est possible

N’est-ce pas une grande honte de voir nos pays enrhumés, dès lors que la Chine, le Vietnam ou la Thaïlande éternuent ? C’est le lieu d’en appeler à notre estimé ministre de l’Agriculture. Plutôt que de passer son temps à apporter des réponses cinglantes à Laurent Gbagbo, on serait heureux de voir son département ministériel donner un souffle nouveau à notre agriculture, définir une nouvelle politique agricole ou à tout le moins, donner une orientation nouvelle à l’agriculture vivrière, par une politique volontariste d’appui, d’encadrement, voire de subvention, pour nous sortir de cette honteuse dépendance, sans tenir compte des injonctions de fonctionnaires assis dans leurs bureaux luxueux des institutions internationales, à New York ou ailleurs. 

Leurs pays n’hésitent pas à subventionner leurs agriculteurs. Il nous faut sortir des vieux schémas et des vieilles méthodes qui ont fait leur temps, et qui montrent aujourd’hui leurs limites. Il faut pouvoir oser la rupture, mais surtout oser l’innovation avec une volonté politique affirmée. L’autosuffisance en riz est possible. La Côte d’Ivoire y était presque parvenue avec la Soderiz, avant son démantèlement  et la distribution à profusion des quotas d’importation (de riz). Les vestiges des usines d’égrenage sont toujours visibles à travers le pays. Il suffira de les refaire vivre !

Si nous n’avons pas eu le cran nécessaire pour transformer sur place nos matières premières agricoles, veillons à tout le moins, à assurer notre assiette de riz produit localement et à moindre coût. Tout le monde y gagne. Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai !

NAZAIRE KADIA

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