Oh, ce Balthazar presque héroïque et suffisamment hérétique pour son acte jouissif et endiablé, n’est pas le seul impie de la sorte que nous ayons dans notre société humaine. Il y en a bien d’autres, peut-être plus cruels même à ces fantasmes du sexe, tapis dans l’ombre, y attendant le jour de leur mise à nue et damnation par les esprits qui s’en diront choqués.
Ce Balthazar de la Guinée équatoriale, nous offre les scènes bestiales du sexe dur et gonflé du désir masculin en va-et-vient dans l’orifice plastique et suave du sexe féminin moelleux, des choses aimées par tous et toutes pour les plaisirs jouissifs qu’elles procurent à l’esprit de leurs adeptes, et pas malheureusement à la conscience humaine.
Ce Balthazar est-il condamnable ? Oui, à la fois pour avoir abusé de cet acte érotique indispensable, mais qu’il faut pourtant raisonnablement se garder de faire à l’excès, puisque tout excès nuit, et pour avoir tant exposé au public le totem et tabou de cette libido dans une filmographie sequencée.
Toutes les scènes de sexe qu’on y voit ne sont pas spontanées mais préparée, orchestrées même. Ces scènes sont le fruit d’une perversité qui dit tout son nom, quant au statut des femmes qui s’y font posséder par ce mâle se découvrant l’instinct d’un tueur en série du destin féminin de nombreuses d’entre elles, pour la plupart vivant en couple ou maritalement chez elles.
Le plaisir du sexe le remportait-il vraiment dans ces scènes découvertes ? Peut-être pour ces femmes dont on voit la sincérité de l’atteinte d »orgasme, ce miel exquis fondant dans le creux du cerveau, chose tant recherchée pendant l’acte sexuel, mais presque toujours inatteignable pour beaucoup. Oui, ces femmes atteignaient cet orgasme, en poussant frénétiquement des gémissements érotiques faits, la bouche exagérément ouverte, haletant et rejetant la tête en arrière, tandis que ce Balthazar dissimulait à peine sa victoire à faire enregistrer ces prouesses par une caméra de téléphone.
Autant Balthazar est l’incarnation de la perversité sexuelle, autant ces femmes sont la damnation de l’argent facile aimé et empoché
Là, est le mal : pourquoi avoir fait filmer ces ébats sexuels, si ce n’était pour tout tourner au ridicule, le ridicule de voir tour à tour des femmes se faire entrer dedans par un homme viril, et exposer leur frénésie corporelle quand les prend la transe du plaisir donné à cet effet?
Tout, dans ce « Sexgate », et chez cet homme de la transgression et de l’immoralité, est donc condamnable : jouir de l’infidélité de ces femmes, mettre leur sexualité en jeu, exposer leur intimité sexuelle, abuser lui-même de sa masculinité sexuelle, perdre l’âme de ces femmes donneuses de sexe, par le moyen de paiement en espèces sonnantes et trébuchantes…
L’autre problème de la condamnation, dans ce Sexgate, vient de là : acheter facilement le sexe de la femme. Quelles femmes résisteraient véritablement à la proposition indécente de venir coucher avec un homme autre que son homme, contre des liasses de billets de banque frais claqués à leurs yeux, et que l’on se propose de leur offrir?
Autant Balthazar est l’incarnation de la perversité sexuelle, autant ces femmes sont la damnation de l’argent facile aimé et empoché. Au prix du sacrifice de tout ce qui leur est intime, elles en oublient la morale, en se faisant acheter le sexe qui, finalement, n’a pas de prix, puisque ce qu’elles en font est aujourd’hui su et vu de tous.
Où donc va notre monde, si ce Balthazar damné et découvert en cache bien d’autres nous côtoyant chaque jour, et si ces femmes égarées, dont il lubrifiait la vulve de son nectar laiteux, sont disséminées parmi nous ?
Acceptons nous que l’obscurité remplace indéfiniment le jour ?
Le malheur, au bout du compte, c’est de voir que la vertu est violée par le vice, les valeurs humaines fondamentales, les valeurs morales, les valeurs familiales sont désacralisées, la perversité en tout rampe jusqu’à nos fondements sociaux et sociétaux. L’éducation, la culture, la morale, la spiritualité, en somme, tout ce qui forge l’esprit humain à la bonne exemplarité du vécu ou du narratif acceptable, convenable, ne résisterait pas à l’épreuve des tentations perfides possibles et imaginables.
Le malheur, c’est de ne plus se retenir à basculer du mauvais côté de la vie, de dévoiler le mal que l’on a en culte, et pire encore, d’y faite plonger tout entier les autres, pris au piège. Le phénomène d’immoralité de Balthazar, n’est pas qu’un symbole en soi, mais l’avènement d’un autre culte de vie, qui fait tout pour s’affirmer et exister : l’argent qui achète tout en nous, jusqu’à l’orientation de notre cerveau.
Une société humaine d’anti-valeurs se met ainsi en lutte contre notre société des valeurs. Acceptons nous que l’obscurité remplace indéfiniment le jour ? Accepterons nous que chaque homme devienne ce Balthazar, obsédé sexuel, prédateur érotique sans limites, ayant pouvoir et argent à cette fin, et que chaque femme devienne aussi celles qui se livraient sexuellement à ce Balthazar, pour de l’argent, et qui se foutaient royalement de leur propre sort de femme, miroir du cercle de famille autant que de la société ?
Sylvain Takoué