Décidément, avec l’augmentation des produits de premières nécessités, de l’électricité et autres, induisant de ce fait une déprime due à la cherté de la vie, les Ivoiriens auront tout entendu et tout vu. De ce qu’ils entendent et de ce qu’ils voient, ils se rendent à l’évidence que « l’âge d’or n’est pas pour demain » et qu’ils devront boire le calice jusqu’à la lie.
Se prononçant sur le coût de la vie, le premier ministre Robert Beugré Mambé s’est lancé dans une démonstration qui a donné du tournis à tout le monde. Il a affirmé que si on était à l’Ecole des Statistiques ou l’Ecole des Ingénieurs du Génie civil, il aurait donné une seule formule qui aurait réglé tout le problème.
Ainsi pour lui, le coût de la vie est «mathématiquement une fonction polynomiale, c’est-à-dire de plusieurs facteurs ; il y a des « au carré », il y a des tiers…Il y a trois facteurs essentiels dans le coût de la vie.
Il y a des facteurs objectifs, des facteurs subjectifs et des facteurs relatifs… Ce qui va faire la différence entre ces trois facteurs, ce sont les coefficients d’intérêt que vous allez affecter à chacun de ces facteurs… ». Finalement à quelle conclusion a-t-il abouti ? Que doit-on retenir de toute cette démonstration ? Combien sont ceux qui ont écouté notre estimé premier ministre, ont véritablement compris sa lumineuse démonstration ?
D’autant plus que dans sa chute, Beugré Mambé suggère de demander pardon à ceux qui parlent du coût de la vie, parce qu’il s’agit de mathématiques ! C’est donc dire que nous qui avons les mathématiques en horreur, et qui n’y connaissons rien, devront « la fermer » et éviter de parler du coût de la vie ! Après ces explications hautement scientifiques, le premier ministre n’a donné aucune indication quant à la baisse du coût de la vie escomptée par de nombreux ivoiriens, encore moins ce que fera son gouvernement pour y arriver.
Véritable fuite en avant
Mais objectivement, le consommateur ivoirien a-t-il besoin de fonction numérique, de fonction polynomiale, de relations métriques ou de trigonométrie, pour constater que le prix du kilogramme de riz ou de viande qu’il consomme a augmenté ? Ou qu’il paye désormais plus cher sa facture d’électricité ?
Assurément non ! Plutôt que de répondre aux préoccupations des populations qui ploient sous le poids des augmentations tous azimuts, le premier ministre s’est lancé dans une mystification à l’effet de noyer le poisson.
C’est une véritable fuite en avant qui ne convainc personne. On croyait avoir tout entendu, voilà qu’au sortir du conseil des ministres du 8 mai 2024 et de la conférence de presse à cet effet, le porte-parole du gouvernement, le ministre Amadou Coulibaly vient nous dispenser un cours de géographie, précisément de climatologie pour nous montrer en quoi le temps qu’il fait actuellement, est à l’origine de l’augmentation des factures d’électricité.
Il a seulement omis dans ses explications de nous donner les raisons de l’augmentation de 10% du prix de l’électricité, qu’on dit être en deçà de la réalité. Certainement que nous qui n’avons que nos actes de naissance comme diplômes, n’avons pas le niveau nécessaire pour comprendre ces genres de choses. Ainsi va le pays. Mais s’il y a eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.
NAZAIRE KADIA
Analyste politique