L’exécutif ivoirien a confié la gestion d’un fonds de 91 millions de dollars, consacré à couvrir les frais des délégations pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations, à la Fédération ivoirienne de football et à la Confédération africaine de football. Son contrôle échappe ainsi au comité d’organisation.
La gestion du compte séquestre mis en place dans le cadre de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), prévue en Côte d’Ivoire à partir du 13 janvier 2024, sera pilotée étroitement par la Fédération ivoirienne de football (FIF) et la Confédération africaine de football (CAF). La décision a été prise mi-juin par le premier ministre ivoirien Patrick Achi.
Les signataires du compte séquestre seront Yacine Idriss Diallo, le président de la FIF, et Véron Mosengo Omba, le secrétaire général de la CAF. Ce fonds avait initialement attisé la convoitise du Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Cocan), présidé par François Amichia, l’ancien ministre des sports, nommé pour l’organisation de la CAN.
60 millions de dollars d’Abidjan
Le fonds dont le montant est passé de101 millions de dollars à 91 millions de dollars, doit permettre de prendre en charge l’ensemble des frais des délégations officielles et des invités de la CAF. Il a été structuré de la façon suivante : 30 millions de dollars seront décaissés par la CAF sur 40 millions promis et 61 millions de dollars par l’Etat ivoirien.
La participation d’Abidjan se fait via une subvention accordée à la FIF en lieu et place d’un prêt à l’organisation sportive remboursable sur les droits de diffusion, comme cela avait initialement programmé. La CAF a rassuré les autorités ivoiriennes sur la mise en place de procédures strictes de « bonne gouvernance » quant à la gestion de ce compte séquestre. Elle s’est par ailleurs engagée à diligenter un audit à la fin de la compétition. Ces garanties doivent permettre d’éviter les risques d’impayés qui avaient émaillé la dernière CAN au Cameroun.
Tensions sur les coûts
Créé par l’Etat ivoirien dans le cadre de la future CAN, le Cocan, dont Yacine Idriss Diallo est de facto vice-président, gère déjà plusieurs portefeuilles du budget de l’organisation. Il est notamment chargé des questions logistiques, telles que la facturation des véhicules de diffusion par satellite des matchs pour le compte de la CAF. Leur coût avoisine les 27 milliards de francs CFA (45 millions de dollars), là où la confédération proposait 4 millions de dollars.
Sur les bus de transport des 24 équipes qualifiées, la facture présentée par le Cocan s’élève à 13 milliards de francs CFA (22 millions de dollars). Cette fois encore, la CAF proposait de louer les véhicules plutôt que de les acquérir, pour un budget de 600 millions de francs CFA (999 000 dollars). Le dossier sur les différents coûts a fait l’objet de passes d’armes. La CAF a d’ailleurs repris en main l’attribution d’une partie des droits de diffusion via un appel d’offres international.
Le président Alassane Ouattara a confié la gestion et les arbitrages relatifs à la CAN à Patrick Achi. Mais un conseil présidentiel pour la CAN, présidé par le chef de l’Etat lui-même, a aussi été constitué. Il suit de près l’évolution de ce projet pour lequel l’Etat ivoirien a consenti plus de 500 milliards de francs CFA (832 millions de dollars), dans un contexte économique délicat marqué par le retour des aides financières du Fonds monétaire international (FMI) dans le pays.
Source: Africa Intelligence