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CAN 2023: La Côte d'Ivoire sous la menace du "coup du marteau", Idriss Diallo va-t-il démissionner comme Dieng Ousseynou en 2002

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CAN 2023: La Côte d’Ivoire sous la menace du « coup du marteau », Idriss Diallo va-t-il démissionner comme Dieng Ousseynou en 2002

C’est l’attente anxieuse de la délivrance de la parturiente entre la vie et la mort. Et le coeur battant la chamade, la Côte d’Ivoire a désormais les yeux rivés sur les huit derniers matchs des poules C, D, E et F, qui se jouent les mardi 23 et mercredi 24 janvier 2024.

Après un départ en trompe-l’oeil, les Éléphants de Côte d’Ivoire ont connu le naufrage du cancre dans la 34è édition de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN) que leur pays reçoit du 13 janvier au 11 février 2024. 

Dans la honte du « recrutement parallèle », que le système éducatif ivoirien a connu, la Côte d’Ivoire espère, la grande porte lui ayant été refusée, le repêchage de son équipe parmi les quatre meilleurs troisièmes des six poules. 

Elle mise soit sur un faux pas de la Zambie ou de la Tunisie, respectivement devant le Maroc et l’Afrique du Sud, soit sur un match nul du Cameroun devant la Gambie, soit… C’est le moment du compte d’apothicaire. 

Après l’échec, le 18 janvier, devant les Super Eagles du Nigeria (0-1), l’entraîneur Jean-Louis Gasset a promis la victoire, le lundi 22 janvier, devant le Nzalang nacional de Guinée équatoriale. Ce fut la déroute (0-4). 

La défaite est lourde, mémorable et historique. Il est vrai qu’en match de préparation de la CAN 2019, les Pays-Bas ont atomisé la Côte d’Ivoire (5-0), le 4 juin 2017 à Rotterdam, mais au niveau africain, ce score est inédit. 

Le pays n’a jamais perdu par quatre buts à rien. Les 19 novembre 1965 (5è édition de la CAN en Tunisie) et 7 février 2008 (26è édition au Ghana), les Éléphants ont perdu par quatre buts à un, respectivement devant le Ghana en phase de poule et l’Egypte en demie-finales. 

« La Côte d’Ivoire a perdu des ressorts et marche sur la tête, dans une démission collective »

La colère fut, par conséquent, soudaine et brutale, mais passagère et éphémère. Et la pression est retombée, au grand plaisir de la direction de la Fédération ivoirienne de football (FIF) et de l’encadrement technique. 

Le nul (2-2) entre les Blacks Stars du Ghana et les Mambas du Mozambique, ainsi éliminés du tournoi, a suffi au grand bonheur d’un peuple versatile, oublieux, sans ambition et non exigeant.

Ainsi, après le défaitisme assumé au son de « On n’a pas gagné, on s’en fout, » du 18 janvier, a succédé la joie usurpée du lundi 22 janvier, avec les cris de joie, les grelots malgré l’humiliation subie deux heures plus tôt.

Il ne faut plus en douter: la Côte d’Ivoire a perdu des ressorts et marche sur la tête, dans une démission collective. Il y a bien longtemps que « l’esprit du 27 juillet 1977 » a vécu quand Félix Houphouët-Boigny limogeait des ministres parmi les plus en vue, dont Henri Konan Bédié et Mohamed Tiécoura Diawara. 

Le cas Dieng Ousseynou

Dans ce pays, le président de la FIF, Dieng Ousseynou, a bien accepté de rendre sa démission, le 23 février 2002. La coupe fut pleine après deux couacs: l’élimination de la Côte d’Ivoire de la coupe du monde et la débâcle des Éléphants à la 23è édition de la CAN au Mali, en occupant, dans la poule C, la dernière place derrière le Cameroun, la RDC et le Togo. 

Aujourd’hui, les temps ont bien changé. À l’instar du chef tout puissant ou aucune autorité n’est déboulonnable ou toutes n’ont pas le courage de Daniel Kablan Duncan, vice-président de la République, et du secrétaire général de la présidence de la République, Abdourhamane Cissé, qui, dans l’exercice de leurs fonctions, ont librement rendu le tablier.

C’est, en effet, l’ère de l’impunité. Alassane Ouattara rappelle à l’ordre. Mais manifestement, nul ne répond de ses actes et ne rend de compte. C’est pourquoi, le 13 septembre 2023, Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement, tenait des propos de défiance et de mépris devant des Ivoiriens éberlués, qui réclamaient des sanctions. 

« Personne ne sera sanctionné, car la pluie est un phénomène naturel. On ne peut pas couper des têtes à cause d’un phénomène naturel. C’était une pluie exceptionnelle; on ne peut pas sanctionner quelqu’un pour ça, » se moquait-il.

« Le patriotisme est édulcoré et agressé, et le sens des responsabilités, emprunté et violé »

Or, la veille, la Côte d’Ivoire subissait sa première humiliation au stade Alassane Ouattara d’Ébimpé. Le match Côte d’Ivoire-Mali était interrompu à cause de l’inondation de la pelouse, alors que des travaux de drainage des eaux de pluie étaient censés avoir été réalisés. 

Le 22 janvier, le pays a pris son overdose d’humiliation, toujours au stade Ouattara. Mais personne, et c’est une tradition, n’en tirera ni les leçons ni les conséquences. « Ça ne va pas aller quelque part, » disent les Ivoiriens. 

Dans la culture du Mammon et de l’esprit de lucre, qui a assiégé le pays avec tous les scandales, seuls ne comptent que le culte de la personnalité du chef et la proximité avec des relations bien et haut placées, qui procurent le parapluie atomique. 

Et le pays, dans l’oeil du cyclone, se trouve sous la menace du « coup du marteau ». Le patriotisme est édulcoré et agressé, et le sens des responsabilités, emprunté et violé.  

F. M. Bally

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